L'autre soir, j'étais au théâtre: un théâtre important, avec un nom connu à l’affiche. Le spectacle était mauvais, digne d’une troupe d'amateurs: mise en scène inexistante, scénographie banale, récitation médiocre voire nulle (interprétation faible, problèmes de diction, de gestualité), effets de lumières inexistants, etc... Dans le publique, des visages familiers, un malaise général et des petits sourires entendus. J'ai été assailli par un certain déconfort, de l'embarras, mais aussi un peu de colère.
Je sais que l’on pourrait débattre longtemps sur ce qu’est l'art (du moins le théâtre devrait appartenir à cette catégorie), mais je crois que nous vivons un moment historique de grande confusion, vraiment.
Antan, il y avait de grands acteurs ou chanteurs et ils étaient reconnus en tant que tel, sans histoire, et jouaient dans des théâtres importants, dans des films de qualité et ont laissé une trace. Naturellement, il y avait aussi des productions dites de série B, C ou Q qui, à juste titre, étaient produites et vues par ceux qui les aimaient, mais la frontière entre ce qui était valable et ce qui ne l'était pas était claire et nette. Et ce qui ne l’était pas ne débarquait pas dans certains théâtres.
Aujourd’hui, comme par enchantement, même les productions de série Q ont leur place dans les grands théâtres de premier ordre, ceux au passé historique. Que ce soit grâce au "nom médiatique" d’un des interprètes (et pas forcément synonyme de qualité), ou parce que le directeur artistique est un proche du producteur, soit pour un autre mystère, bref, cela arrive souvent désormais.
Cela crée beaucoup de dégâts sur lesquels je reviendrai, mais une chose est certaine: la plupart des soi-disant « opérateurs », à savoir les directeurs, les distributeurs, mais aussi les critiques et les media, devraient travailler avec plus de diligence, de courage et d'honnêteté intellectuelle, tant pour leur crédibilité et au bénéfice de ceux qui les suivent.